Chronique d'une fille offline : cyber-solitaire

 

Autre temps, autres lieux : Marrakech, le Cyber Parc. Vous le situez ? Ce jardin bien entretenu, qui, bien que sis sur l'avenue Mohammed-V, jouit d'un calme paradoxal avec les alentours. On y entend le chant des oiseaux, le clapotis des fontaines, le son des pas crissant sur le gravier et quasiment le bruit du vent dans les cimes. C'est joli, c'est propre, c'est tranquille, sécurisé, moderne : plantées ici et là, quelques bornes cybernétiques attendent le quidam au détour pour le capter un moment, debout face à un écran, évoquant un poème de Taha Adnan, qui disait dans son recueil Je hais l'amour (j'adore ce titre) :

 

« Salut, Araignée

Matin comblé, gazouillis électrique

Je suis prêt, porte-moi vers cet univers lumineux

J'ai de braves voisins sur Hotmail

Des frères affectueux sur Yahoo

Et une amante secrète sur Caramail

J'ai des camarades çà et là... »

 

Et, dans ce paisible endroit, où l'on viendrait volontiers se promener en amoureux, étudier ou débattre entre amis, quel étonnement de voir les gens, pour la plupart en mode individuel, chacun dans son coin, sur son ordi, son téléphone. Chacun sa vie quoi, chacun pour soi.

L'endroit est joli, propre, tranquille, sécurisé, moderne certes, mais d’une tristesse…